
Neuf stades. Quatre rien qu’à Rabat. Le Maroc ne fait jamais les choses à moitié. Quand le royaume décide d’organiser une compétition majeure, il sort le chéquier et il voit grand. Très grand. Record d’accréditations presse. Record de demandes de billets. Record d’investissements dans les infrastructures sportives.
Cette CAN 2025, ce n’est pas qu’un tournoi de football. C’est une vitrine. Une déclaration. Un message envoyé au monde entier : regardez ce dont le Maroc est capable. Regardez ces stades flambant neufs. Regardez cette organisation millimétrée. Regardez ce pays qui a l’ambition de devenir un hub continental pour les grandes compétitions sportives.
Le Mondial 2030 en ligne de mire
Parce que derrière cette CAN, il y a le Mondial 2030. Co-organisé avec l’Espagne et le Portugal. Le Maroc veut prouver qu’il peut gérer un événement d’ampleur planétaire. Il veut montrer qu’il a les infrastructures, la logistique, la capacité d’accueil. Cette CAN est un test grandeur nature. Une répétition générale. Un galop d’essai avant le vrai rendez-vous de 2030.
Et pour ça, le royaume a mis le paquet. Rabat dispose désormais de quatre stades ultramodernes. Casablanca, Marrakech, Tanger, Agadir, Fès : chaque ville hôte a été équipée selon les standards internationaux les plus exigeants. Pelouses impeccables. Systèmes de climatisation dernier cri. Loges VIP dignes des plus grands stades européens.
Les manifestations de septembre 2025
Mais cette débauche d’investissements a aussi généré des tensions. En septembre 2025, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes. La « Génération Z 212 », mouvement de jeunes Marocains, a protesté contre les dépenses publiques jugées excessives dans les infrastructures sportives alors que d’autres secteurs (santé, éducation, logement) manquent cruellement de financements.
Le débat était légitime. Des milliards investis dans des stades pendant que des hôpitaux manquent d’équipements. Des pelouses parfaites pendant que certains quartiers populaires n’ont pas l’eau courante. L’éternelle question du développement : faut-il d’abord nourrir le peuple ou lui donner du pain et des jeux ?
Le tournoi comme réconciliation nationale
Mais maintenant que les stades sont là, autant les remplir. Et de Tanger à Marrakech, de Rabat à Agadir, tout un pays vibre. Les cafés se préparent avec leurs écrans géants. Les hôtels affichent complet depuis des mois. Les restaurants ont recruté du personnel supplémentaire. Les taxis de Youness et de Mohammed travaillent déjà à flux tendu.
Assad, la mascotte-lion, est partout. Sur les affiches publicitaires. Dans les spots télé. Sur les maillots vendus dans les souks. La CAF parle déjà de « meilleure CAN de l’histoire ». Le Maroc, lui, parle de trophée. Parce qu’organiser, c’est bien. Gagner, c’est mieux. Et ça fait cinquante ans qu’ils attendent ce moment.
Le soft power marocain
Cette CAN 2025, c’est du soft power à l’état pur. Le Maroc veut montrer au monde arabe, à l’Afrique, à l’Europe qu’il est une puissance régionale incontournable. Capable d’organiser. Capable d’accueillir. Capable de rayonner. Le football comme vecteur d’influence géopolitique.
Et ça marche. Les télévisions du monde entier diffuseront les matchs. Les touristes afflueront par dizaines de milliers. Les investisseurs regarderont avec intérêt. Le Maroc ne se contente plus de participer aux compétitions internationales. Il les organise. Il les domine. Il impose son narratif.
Reste à savoir si les Lions de l’Atlas parviendront à transformer cet essai organisationnel en succès sportif. Parce qu’au final, dans cinquante ans, personne ne se souviendra de la beauté des stades ou de la qualité de l’organisation. On se souviendra seulement de qui a soulevé le trophée. Et le Maroc a bien l’intention que ce soit eux. Cinquante ans d’attente, ça suffit.





